PIAF – LA VOIX D'UNE ÉTOILE

Théâtre de Menilmontant
15 rue du Retrait
75020 - PARIS
 Tél : 01 46 36 98 60

Du 10 au 12 décembre à 21h15

 

Piaf – La voix d’une étoile loupe 

Vu à Lyon en mars 2015

 

Pour la Lyonnaise d’origine que je suis, Le Grolée c’était le cinéma de mes années adolescentes qui m’avait entre autres fait découvrir Woody Allen.

Le voilà devenu salle de spectacle mais il règne encore entre ses murs repeints en rouge et noir l’esprit de ce qu’il fut.

L’ambiance y est chaleureuse, on le perçoit dès l’entrée où une salle de bar conviviale permet aux spectateurs d’attendre confortablement l’ouverture de la salle ou de discuter ensuite autour d’un verre.

Ce dimanche je viens voir  le « Piaf » mis en scène par Rubia Matignon que je suis depuis pas mal de temps à Paris avec entre autres  son Lorca chroniqué la semaine dernière.

Et je retrouve avec plaisir dans ce nouvel opus son univers particulier toujours axé avec délicatesse sur l’émotion, avec  son art de jouer avec la lumière, des trouvailles subtiles et une sobriété toute au service des sujets toujours d’une grande force qu’elle traite.

Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement avec une évocation d’Édith Piaf ? Cette femme chétive à qui la vie n’avait pas fait de cadeaux mais que le destin avait doté d’une voix exceptionnelle et de la capacité  extraordinaire de faire partager ses joies et ses peines à un public bouleversé.

Mais comment la raconter  une nouvelle fois et sans tomber dans le pathos ?

C’est toute la réussite de la mise en scène  et du texte écrit par Bruno Fougniès que nos lecteurs connaissent bien car j’ai la chance et le bonheur qu’il écrive de temps en temps des articles dans Regarts. J’ai retrouvé ici son style clair et précis dans une écriture plus dépouillée que dans ses chroniques et qui convient bien à un espace théâtral.

Ce n’est pas un récital imitatif, ce n’est pas une bio romancée. Car la vie de la chanteuse est ici intelligemment évoquée, en petites touches quasi impressionnistes,  par deux personnages qui se racontent leurs souvenirs dans une narration non chronologiques mais avec des allers retours suscités au gré de la  mémoire des deux protagonistes.

Et il faut saluer la performance des deux artistes Fabienne Grange et Stéphane Saura qui leur donnent vie ainsi qu’aux personnages qu’ils évoquent. Et au duo talentueux de musiciens qui les accompagnent.

Performance d’autant plus remarquable que Stéphane Saura sera tour à tour dans la peau d’Yves Montand, de Marcel Cerdan, de Moustaki, de Théo Sarapo et de bien d’autres encore. Quant à Fabienne Grange elle est véritablement bluffante d’autant que la mise en scène lui impose d’être tour à tour et rapidement aussi bien la môme Piaf des débuts avec ses maladresses que l’artiste accomplie au sommet de sa gloire ou encore celle de la fin diminuée par la maladie et que seule la chanson pouvait encore faire tenir debout.

Sans chercher à l’imiter, Fabienne Grange parvient à être Piaf. Voix puissante, gestes un peu gauches, elle donne la troublante impression de revoir La môme tout en ne l’étant pas.

On est séduit, ému, bouleversé, captivé. Un bel hommage à la fois à la femme, à l’artiste et au mythe qu’elle est devenue au fil du temps.

Nicole Bourbon

 

 

Piaf – La voix d’une étoile

de Bruno Fougniès
Mise en scène : Rubia Matignon

Avec : Fabienne Grange, Stéphane Saura, Richard Posselt, Salvatore Staropoli

 

Mis en ligne le 9 mars 2015
Actualisé le 10 décembre 2015