Théâtre le Grand Point Virgule
8 bis rue de l’arrivée
75015 Paris
01 42 78 67 03

Jusqu’au 25 décembre
tous les dimanches à 19h00

 

 Photo © Évelyne Desaux

Quand on demandait à Sammy Davis Jr. comment il expliquait sa popularité, il répondait : « Je suis vieux, noir, juif et borgne… alors je pense que si je suis populaire, c’est parce que je chante bien ! »

De même, Frédéric Zeitoun, paraplégique de naissance, pourrait déclarer : « En plus d’être juif et handicapé, j’étais fauché, myope et bègue… alors, si je suis devenu parolier pour des grands noms de la chanson comme Frédéric François, Zaz ou Louis Bertignac entre autres, auteur-compositeur, chroniqueur musical sur France 2 et Télé Melody, ainsi que comédien à succès, c’est que je le vaux bien ! »

Dans L’histoire enchantée du petit Juif à roulettes, cet homme à l’énergie débordante et au sourire permanent déroule, en musique et en chansons, les différentes étapes de son parcours qui l’ont conduit de la révolte à l’acceptation puis à la réconciliation, et bien au-delà, puisque cette jolie comédie musicale de poche se termine par une joyeuse ode à la vie.

C’est avec un humour attendrissant et une bonne dose d’autodérision qu’il évoque l’apprentissage de la différence, qu’il vit au départ comme une injustice, surtout à l’adolescence.

À l’âge où les garçons ne pensent qu’à la drague, lui, ses relations avec les filles se limitent à leur servir de confident et, dans les boums, son rôle est de passer des disques sur l’électrophone…

Avec un humour un peu grinçant qu’il dénonce le manque d’accessibilité des lieux publics aux personnes en situation de handicap car, contrairement au Passe-Partout de Fort Boyard, lui ne passe nulle part !

Avec un humour malicieux, et sans tabou, qu’il aborde les questions qu’on peut se poser sur le sexe et le handicap. « Tu peux ou tu peux pas ? » interroge inlassablement Anthony Doux, sur l’air de la célèbre chanson Tu veux ou tu veux pas ?

La vie n’est pas toujours rose quand on est en fauteuil roulant.

Heureusement, la joie de vivre de parents aimants ont fait de lui un adulte qui a choisi d’être heureux et il nous le démontre en nous offrant une belle leçon de vie.

Le violoncelle de Cécile Girard et l’accordéon d’Anthony Doux accompagnent avec bonheur ces moments où l’émotion est toujours présente, faisant passer le spectateur du rire aux larmes.

Deux chansons sont particulièrement réussies.

Celle qui accompagne ce morceau épique et plein de drôlerie où Frédéric Zeitoun raconte, sur une musique entraînante des Gypsy Kings, les départs en vacance pour l’Espagne de toute la famille, serrée comme des sardines dans la dauphine.

Et ce texte bouleversant sur la mort de son père, Bien au contraire, mis en musique par Charles Aznavour, d’une poésie telle que je ne peux m’empêcher d’en citer un passage :

« J’ai cherché la sagesse au cœur d’anciens écrits
Affirmant que la mort n’est qu’un jour de la vie
J’ai relu mes classiques, en grec et en latin
Hélas nulle maxime n’apaise le chagrin »
Avec ce refrain lancinant qui revient comme un leitmotiv :
« De plus jamais en plus jamais
Seule l’absence ne meurt jamais
Et tout le temps qui passe ne fait rien à l’affaire
Bien au contraire, bien au contraire »

Avec son histoire enchantée, Frédéric Zeitoun a réussi à enchanter la salle du Grand Point Virgule qui se lève comme un seul homme à la fin de la représentation pour lui faire une standing ovation.

On l’aime, ce petit Juif à roulettes !

Elishéva Zonabend

 

L’Histoire enchantée eu petit Juif à roulettes

De Frédéric Zeitoun et François d’Epenoux
Mise en scène : Alain Sachs assisté de Corinne Jahier

Avec : Frédéric Zeitoun, Cécile Girard, Anthony Doux