KIKI DE MONTPARNASSE

Le Lucernaire 
53 rue Notre-Dame des champs
75006 Paris.
 tél. : 01 45 44 57 34

dès le 7 janvier 2016
du mardi au samedi à 21h00, les dimanches à 19h00

 

Kiki loupePhoto Jean-Jacques Beinex

Kiki est une figure du Montparnasse rayonnant de l’entre-deux guerres. Elle fut modèle pour un bon nombre des grands peintres de l’époque dont Foujita et Modigliani. Modèle et amoureuse également de Man Ray (c’est elle qui pose pour le fameux cliché : « Le violon d’Ingres »). Elle fut également chanteuse, comédienne, travailla dans les cabarets connus de l’époque. C’était l’âge d’or du quartier, la bohême et son cortège d’artistes et d’intellectuels de tous poils comme Tristan Tzara, Aragon, Soupault, Hemingway… Elle était la reine du quartier, l’égérie de beaucoup, une femme libre, ivre de vivre, toujours fauchée mais jamais pauvre.

Le spectacle, inspiré de ses mémoires, la fait apparaître dans un atelier de peintre : des chevalets, des toiles retournées, une méridienne, une chaise et une table de bistrot avec son verre et son pot de vin rouge, un phonogramme… nous sommes dans les années 20. En négligé, Kiki, interprétée par Héloïse Wagner coiffée d’une perruque copiant la coupe au carré toute brune de l’originale, improvise un strip-tease à l’envers et raconte la vie de l’icône depuis l’enfance jusqu’à son règne sur le quartier, ses nuits, son peuple. Un strip-tease à l’envers où la jeune provinciale se métamorphose en reine.

Elle raconte, se raconte et se chante.

Dans le fond de l’atelier un accordéoniste et un guitariste sont ses complices. Ils lancent et accompagnent des chansons écrites par Franck Thomas et composées par Reinhardt Wagner. Des chansons qui illustrent les différents tableaux de la vie de Kiki, ses bonheurs, ses amours, ses folies, son alcoolisme, ses intoxications. Tout n’est pas rose dans cette histoire. Des chansons à la fois simples et mélodieuses dont les sonorités ne sont pas vraiment datées, qui sont chantées avec beaucoup d’évidence par Héloïse Wagner, sans micro, dans une proximité touchante et sensible.

Dans la mise en scène de Jean-Jacques Beinex, touche-à-tout de génie, la lumière a une importance particulière. Elle définit des espaces, des ambiances, permet de s’imaginer soudain au bar de la Rotonde ou dans la salle surchauffée du Jockey, cabaret à la mode de l’époque. Elle est surtout belle dans les pénombres qu’elle installe par moment. Sur une toile géante, quelques projections viennent aussi donner du contrepoint à la narration de la comédienne. Des montages vidéo plus formels qu’illustratifs. On glisse ainsi sans heurt d’une époque à une autre, d’une chanson à la suivante.

Un peu de nostalgie, un peu de sensualité, un peu de gouaille, un peu d’éternité, un peu de rire, un peu d’amour, voilà les ingrédients du cocktail secoué par Kiki de Montparnasse avec tendresse et bienveillance, insolence et volupté.

Bruno Fougniès

 

Kiki de Montparnasse

Texte d’après « Kiki de Montparnasse, Souvenirs retrouvés » de Kiki de Montparnasse
Mise en scène Jean-Jacques Beineix
Assistant mise en scène Manon Elezaar
Chansons Franck Thomas
Musique Reinhardt Wagner
Chorégraphie Corinne Devaux
Vidéo Christiana Archambeau

Avec : Héloïse Wagner

Accompagnée par Rémi Oswald ou Jean-Yves Dubanton et Rodrigues Fernandes

 

Mis en ligne le 31 août 2015
Actualisé le 7 décembre 2015