BELLES-SŒURS

Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
01 44 95 98 21
Salle Renaud-Barrault
Jusqu'au 7 avril
Du mardi au samedi à 21h, dimanche 15h


Photo Giovanni Cittadini Cesi

Au départ, Belles-sœurs est une pièce de Michel Tremblay écrite en 1965, qui est devenue un spectacle musical en 2010 grâce au livret de René Richard Cyr et à la musique de Daniel Bélanger.

Le résultat est époustouflant.

La pièce qui dénonçait la condition féminine des années 60 y gagne encore en efficacité.

Les musiques, blues, jazzy ou variétés, avec leurs mélodies tour à tour joyeuses ou mélancoliques soulignent avec à-propos tous les sentiments exprimés.

L'histoire est simple : une femme ayant gagné un million de timbres à coller sur un catalogue pour avoir en échange divers équipements ménagers, réunit sœurs, belles-sœurs et voisines pour aider à l'opération. Sur ce thème, c'est une véritable galerie de personnages qui nous est ici présenté avec une acuité redoutable : la sœur, la fille, la mère, la seule, la travailleuse, l'abusée, la vieille fille, la pute ou la puritaine deviennent rapidement nos sœurs tant les quinze interprètes leur donnent vie avec un talent, un abattage, une conviction qui suscitent l'empathie.

Dans un décor et des costumes kitchissimes, à l'outrance extrême, véritable défilé de robes à fleurs, de cheveux permanentés, de pantoufles invraisemblables, au milieu d'un bric à brac de formicas, vieux fauteuils, chaises dépareillées et table à repasser, ces quinze femmes vont nous parler de leur vie, dénonçant avec un humour ravageur la misère de leur vie sociale et sexuelle. C'était en effet l'époque où être enceinte hors mariage était un drame, où la femme n'était qu'une ménagère obéissant à son mari, sans jamais oser dire non parce qu' « un jour elle avait oui ».

C'est à la fois extrêmement drôle – on rit beaucoup –, efficacement satirique, parfois romantique ou pathétique – l'émotion affleure souvent-, dans une peinture  sociale sans concession qui dénonce plus qu'avec de longs discours sans jamais être « niaiseux » une « maudite vie plate ».

Les voix sont puissantes, les chœurs parfaits, les quatre musiciens, cachés derrière deux haut-parleurs géants, talentueux. On est véritablement emporté par cette comédie puissante à la fois amusante et pathétique, un exposé brutal de la condition féminine raconté avec un humour dévastateur. C'est un grand souffle qui nous vient du Québec intelligent, sensible, superbement écrit et interprété auquel on ne saurait rester indifférent.

 

Nicole Bourbon

 
(c) Daniel Mallard / Journal du Québec

D'après Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay

livret, paroles et mise en scène René Richard Cyr musique Daniel Bélanger

Avec : Édith Arvisais, Marie-Evelyne Baribeau, Sylvie Ferlatte, Kathleen Fortin, Marie-Thérèse Fortin, Maude Guérin, Michelle Labonté, Maude Laperrière, Suzanne Lemoine, Hélène Major, Christiane Proulx, Dominique Quesnel, Monique Richard, Janine Sutto, Guylaine Tremblay
Doublures : Geneviève Alarie,Anka Rouleau
Direction musicale :Stéphane Aubin
Musiciens : Stéphane Aubin, Serge Arsenault, Martin Marcotte, François Marion
 Décor : Jean Bard
Costumes :Mérédith Caron
 Éclairages : Martin Labrecque
 Accessoires :Francis Farley-Lemieux
 Assistante à la mise en scène et régie : Lou Arteau