TEMPÊTE EN JUIN

Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 Paris
Tél : 01 48 74 76 99

Jusqu’au 30 novembre 2019,
du mardi au samedi à 19h,
matinée samedi à 15h

 

Tempête en juin loupe 

C’est l’exode, juin 1940. Populations françaises, belges, hollandaises fuient devant les troupes allemandes qui envahissent l’Europe. En voiture, à cheval, en train, à pieds, toute une partie de Paris déboule sur les routes menant au Sud. Toutes classes sociales confondues se cotoient dans l’inconfort d’un voyage sans destination, les pénuries, les bombardements de l’aviation du troisième Reich. C’est un périple qui ressemble à l’enfer avec la peur et les privations qui serre constamment les ventres.

Pourtant le ciel est bleu et la température douce. Les fleurs partout éclosent, les parfums du soir chargés de la chaleur du jour enivrent les sens. Un temps de vacances, les congés payés acquis en 1936 sont neufs. La nature a bien de l’air de se foutre des histoires des hommes et de leurs guerres. C’est dans ce décor cruel qu’Irène Némirovsky nous entraîne.

Elle en fait partie de ce décor. Elle écrit sur le vif, entre 1940 et 1942. En immersion. Mais elle évite soigneusement le journalistique. C’est en écrivain qu’elle dresse cette fable qui embrasse du regard toute la société française de l’époque. Et en peintre précis et souvent ironique qu’elle décrit les grandes peurs et misères de ses personnages, n’hésitant pas, elle aussi à user d’une belle cruauté pour décrire les petites faiblesses, les mesquineries qui se révèlent toujours dans les situations extrêmes. Elle ne tombe pourtant jamais dans la méchanceté. L’humour qu’elle porte à ces gens cache avec clarté un amour désintéressé pour eux.

Franck Desmedt est forcé à l’exploit pour interpréter à lui seul une quirielle de personnages et ne pas perdre le fil de l’histoire de ces destins qui se croisent pour l’unique fois de leurs existences. Le banquier et sa maîtresse (sa danseuse), la famille bourgeoise (enfants et chat compris) le couple employé de banque (leur fils est sur le front), l’auteur célèbre et prétentieux et sa muse… Le comédien se glisse tour à tour dans tous les personnages, avec maîtrise et parvient à nous faire suivre les histoires de chacun dans ce grand désordre où tous se sont perdus.

Pour l’ambiance de ce drôle de voyage qui succéda à la drôle de guerre, sons, effets lumineux et projections vidéos viennent ponctuer la narration. Une manière pour la mise en scène de nous plonger dans les bombardements et les nuits impénétrables, avec par moment l’éclair rassurant, au fond d’une chambre, d’un geste de tendresse.

Tempête en juin est la première partie du roman Suite française (dont l’auteur prévoyait 4 parties). La 2ème partie a elle aussi été adaptée par  Virginie Lemoine & Stéphane Laporte se joue également au La Bruyère à 21h.

Bruno Fougniès

 

Tempête en juin

d’après le roman d’irène Némirovsky
Adaptation et mise en scène de Virginie Lemoine & Stéphane Laporte
illustrations Sylvain Bossut
Lumières : Denis Koransky
Musique : Stéphane Corbin
Création sonore : Vincent Lustaud
Animation images : Franck Couder

Avec Franck Desmedt

 

Mis en ligne le 15 septembre 2019