MOI ET FRANCOIS MITTERRAND

La Pépinière Théâtre
7 Rue Louis le Grand
75002 Paris
01 42 61 44 16
Du mardi au samedi à 19h00
Le dimanche à 15h00

 

Moi et François Mitterrand loupe Photo Raphaël Arnaud

Avez-vous déjà eu un ami imaginaire ? De ceux à qui l’on parle, à qui l’on confie ses secrets, dont on interprète le silence comme une réponse, avec qui on partage une relation unique et des sentiments d’amitié profonds ? Généralement, on s’en détourne une fois l’enfance passée. C’est même là précisément le signe que l’enfance est passée : quand on doit se résigner au fait qu’en réalité il ne nous répond pas (ou devrais-je dire, qu’il ne nous répond plus.)  Et le silence définitif de ce monde d’adulte nous effraie…

Mais pour Hervé Laugier – alias d’Hervé Le Tellier, l’oulipien, le papou dans la tête et le botulien qui a écrit le livre dont cette pièce est l’adaptation éponyme –  rien de tel. Et c’est rien moins que le Président de la République qui joue le rôle du doudou.

Tout commence par une banale carte postale envoyée du bassin d’Arcachon à François Mitterrand pour le féliciter de son élection. À partir de là, prenant la réponse-type de l’Élysée comme une missive qui lui serait personnellement adressée (ainsi que les suivantes, pourtant toutes rigoureusement identiques), s’ensuit une correspondance tendre et absurde, où aux confessions intimes de l’un répondent les formules administratives de l’autre, diversement interprétées par le premier selon ses propres projections psychologiques, variables au fil du temps.

Même s’il n’est pas initialement écrit pour la scène, le texte d’Hervé Le Tellier se prête fort bien à cette adaptation théâtrale. Le seul en scène du comédien donne à voir la solitude de cet homme dont les déboires amoureux et les échecs professionnels pourraient enfoncer dans une folie moins douce ou une névrose moins tragique s’il n’y avait cette relation épistolaire quasi salvatrice pour lui. Et ce n’est pas le comédien Olivier Broche, qui campe avec beaucoup de conviction et de justesse ce Français moyen et républicain sincère, finalement proche de nous, qui nous contredira. Cette pièce est une belle trouvaille et promet un délicieux voyage dans l’absurde.

Frédéric Manzini

 

Moi et François Mitterrand

D’Hervé Le Tellier
Mise en scène Benjamin Guillard
Décor Jean Haas assisté de Juliette Azémar
Lumières Olivier Oudiou
Direction technique Denis Melchers
Dramaturgie Marie Duret-Pujol
Assistante Kenza Berrada
Musique Antoine Sahler
Répétitrice piano et chant Lucrèce Sassella

Avec Olivier Broche

 

Mis en ligne le 4 mars 2017