LES BARBELÉS

Théâtre de la Colline 
15 rue Malte-Brun 
75020 Paris
01 44 62 52 52

Jusqu’au 2 décembre 2017
du mercredi au samedi à 20h00
le mardi à 19h00 et le dimanche à 16h00

 

Les Barbelés loupePhoto  Simon Gosselin

Spectacle en québécois non surtitré

Une femme seule dans sa cuisine épluche frénétiquement des oranges sanguines dont la bloody couleur du jus tâche le carrelage blanc. Cette première image métaphorique file la pièce jusqu’à l’ultime échéance. Que diriez-vous ? Plutôt, qu’auriez-vous besoin de dire s’il vous restait une heure à vivre avant que des barbelés ne vous ôtent l’usage de la parole et vous tuent ?

L’urgence. C’est l’urgence de dire, de tout dire, trop même qui fait tenir ce texte protéiforme interprété par Marie-Ève Milot dont chaque geste est articulé telle une marionnette assujettie à un ordre social et moral qui mène à l’implosion du personnage. Ce huis clos est étouffant, les spectateurs sont pris, il n’y a pas d’issue possible.

Le texte est parfois drôle, souvent tranchant mais tombe dans le pathos à quelques reprises. Tout est abordé – la non-action des bobos qui tentent de se donner bonne conscience, le racisme, la crise des réfugiés syriens, la maltraitance infantile, le sexisme. La densité du texte est saisissable grâce à un travail dramaturgique précis et subtil. La tension dramatique nous tient à la gorge grâce à une lumière et à une scénographie qui nous plongent petit à petit dans cet abîme. Les barbelés enserrent graduellement le personnage dont la condition diminue, du sang jaillit de sa bouche, elle doit cracher cette urgence. La scène finale est magistrale, son image restera longtemps dans la mémoire des spectateurs.

C’est une tragédie contemporaine qui déborde de mots qui en disent trop, ce qui peut détourner de la profondeur des propos abordés. L’esthétique du spectacle, cependant, est extraordinaire : nous contemplons l’effroi.

Alexandra Diaz

 

Les Barbelés

Texte Annick Lefebvre
Mise en scène Alexia Bürger

Avec Marie-Ève Milot

Dramaturgie Sara Dion
Assistanat à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographie et costumes Geneviève Lizotte assistée de Carol-Ann Bourgon Sicard
Lumières Martin Labrecque
Musique Nancy Tobin
Conseils aux mouvements Anne Thériault
Effets spéciaux Olivier Proulx
Maquillage coiffure Gilly Toselo
Production Théâtre de Quat’Sous et La Colline – Théâtre national

 

Mis en ligne le 21 novembre 2017