LADY MACBETH – SCÈNES DE MARIAGE

Théâtre de l’Epée de Bois
Cartoucherie de Vincennes
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
01 48 08 39 74

Jusqu’au 21 avril
du mardi au samedi à 20h30
matinée le samedi à 16h

 

Lady Macbeth – Scènes de mariage loupe 

L’inconscient collectif porte en lui une vision très particulière du personnage de Shakespeare. L’image d’une femme dévorée par l’ambition, mais aussi d’une maitresse-femme virulente comme un aiguillon piquant dans le pâle courage de son mari pour le forcer à l’acte. Elle représente la force de la volonté que rien ne peut empêcher : ni sentiment, ni peur, ni remords. Elle possède quelque chose d’extrêmement réel, réaliste, cartésien que rien n’effraie. Même pas les fantômes des morts assassinés.
Michele De Vita Conti s’empare de cette image pour créer sa Lady Macbeth réinventée. Comme une flamme vivante surgie d’une caverne marine, elle se dresse au milieu d’un cratère de sable. Elle est femme, elle est créature, elle est force. Grâce à une métaphore abyssale et maritime, le spectacle nous entraîne dans les profondeurs de l’esprit du personnage. Son inconscient. Et sa vision du monde, des gens, des hommes, des femmes.
À petites touches, à l’aide de courtes interventions, on suit l’effeuillage du caractère de cet être hors norme. Et de femme telle qu’elle semble apparaître au début, de créature humaine, elle se transforme peu à peu en autre chose. Un être différent, au regard acerbe et lucide sur les hommes, leurs faiblesses, leurs étranges atermoiements, leurs tristes lâchetés. Dans ce jeu, le bon gros mâle un peu trop sublime, sublimé et rouleur de mécanique est bien écorché, avec appétit.
Mais cette femme, est-ce un clown ? un esprit facétieux ? un souvenir sans cesse redéployé ? car il s’agit bien de la Lady Macbeth de la pièce de Shakespeare, mais une lady qui refuserait de laisser l’oubli l’ensevelir et qui revient chaque fois sous une nouvelle forme, resurgit de l’océan amnésique pour redire sa vérité, avec une expression entre rire et cruauté.
Maria Alberta Navello invente ce personnage avec une palette de jeu riche comme l’arc-en-ciel. Tour à tour douceur, calme, puissance, violence, elle est liane, alchimiste, serpent de mer. Chaque mot, dans sa bouche, est proféré avec une précision talentueuse qui donne rythme à son texte. Elle ne cherche pas à éclairer toutes les ombres de son personnage, et c’est tant mieux, cela donne un relief et un mystère jamais épuisé à ce spectacle dont la grâce et la beauté des images resteront longtemps vivace dans les mémoires ainsi que le sentiment de l’irréconciliable écart entre homme et femme qui les font paraître d’espèces différentes.
C’est là que sous la joliesse poétique du texte, affleure le sens que porte cette apparition : hommes / femmes et tout un monde de différence qui les sépare. Un texte chargé d’humour et dont la transformation en narration épique tient énormément à la présence, la pertinence et l’élégance de la comédienne.
Extrait :
« Les hommes et les femmes n’appartiennent même pas à la même espèce. Ils n’auraient pas pu monter bras dessus bras dessous sur l’arche de Noé, à moins que le vieux n’ait décidé de mélanger les cartes. Requin et dauphin, cobra et mangouste, rhinocéros et pingouin. Voilà le type de couple qui fait penser au couple homme-femme. »

Bruno Fougnies

 

Lady Macbeth – Scènes de mariage

Écrit et mis en scène par Michele De Vita Conti
Traduction Myriam Tanant
Scénographie Lucia Menegazzo
Costumes Brigida Sacerdoti
Lumières Mauro Panizza

Avec Maria Alberta Navello

 

Mis en ligne le 18 avril 2018