Sur la petite scène du théâtre de Dix Heures, Alex Barbe fait une entrée tonitruante : il prend le public à partie, s'énerve (faussement) contre son régisseur. Il est chez lui et nous annonce que, sous ses airs de jeune homme bien élevé, il va nous en dire des vertes et des pas mûres. Pari à moitié tenu : Barbe se livre tout d'abord à une parodie de « stand-up » où il accable les malheureux « comiques » qui dévident leurs (pauvres) vies à tour de bras, sans qu'on ne leur ait rien demandé, en plus.

C'est assez juste et bien fait. S'ensuit un passage où le comédien tape un peu sur les banlieues, fait un sort aux hôpitaux et aligne vannes vachardes et passages doucement absurdes. La force de Barbe, c'est son naturel parfait, même si tout est travaillé, et comment ! Il a aussi un côté « beau gosse » qui fait passer beaucoup de choses. Il y a du Franck Dubosc  en lui, mais il est  jeune, il peut encore évoluer, d'autant qu'il s'aventure dans des zones peu fréquentées, celle du « bide » notamment. Celle du second, voire du troisième degré, qui fait que ce spectacle, en plus d'être drôle, est plutôt intelligent et gonflé.  « Les hommes, les femmes, la drague mode d'emploi », voici des sujets en or pour Alex Barbe qui joue avec habileté des réparties, drôles ou non, du public. Et qui, mine de rien, fait un peu de « stand up ». Mais bon. La chanson (faussement) engagée n'était pas forcément indispensable, d'autant qu'elle a déjà été vue  ailleurs.

Quelques facilités sont donc à déplorer, mais à un premier de classe, on est prêt à passer beaucoup. Au final, ce spectacle malin et pas racoleur ravira les jeunes et moins jeunes, bluffés, tous, par ce talent en devenir.

Gérard Noël

De et avec Alexandre Barbe.
Mise en scène : Eva Stehlin.