STEAM

Cirque Electrique – La dalle des cirques
Place du Maquis du Vercors
75020 Paris

Du 9 au 27 novembre 2016
Du mercredi au samedi à 21h00
Dimanche 17h00

 

Steam

 

Un univers industriel. Sorte de squat installé dans une usine désaffectée. De la ferraille, un mur d'hélices pour la ventilation qui crachent par intermittence des souffles de vapeurs, des tubes d'acier qui sentent encore la soudure. Des néons qui halètent. Et au milieu de cet univers de ténèbres et de matières rugueuses et âpres, les habitants.

Au centre, un salon fait de récupération occupé par deux individus indistincts, sur le côté une estrade sur laquelle repose une fille poupée, perruque blanche et ballerines roses qui semble comme un chat à l'affut en haut d'une corniche, tout en haut, une femme plie son corps, au-dessous d'elle, un espace bardé d'instruments de musiques, d'électroniques et de câbles enserre un musicien. Le public pénètre sous le chapiteau à travers ce dédale sous les coups d'archet furieux donnés à la contrebasse.

La musique et le chant, aux accents résolument rock décadent, punk, explosera tout au long du spectacle. Un spectacle qui s'ouvre et se ferme sur la lecture de deux poèmes d'Alain Bosquet, qui seront les seules paroles en français.

Hervé Vallée, créateur et interprète des chansons et des musiques du spectacle, aux fulgurances parfois extrêmement hard, destroy, s'amusant avec des syncopes et des mélodies vertigineuses, mène avec énergie et autodérision cette barque en ruine, post-industrielle où les êtres semblent à la fois déshumanisés, à la marge, et pourtant d'une réalité charnelle troublante car ils sont la seule vie palpitante de ce lieu.

L'arrogance de la vie, prise dans cet étau de fer, de vapeur et de béton, explose à chaque minute de ce spectacle. Comme s'ils sortaient de leurs tanières respectives, ces êtres viennent se déployer au centre du chapiteau. Ils sont tous sanglés des chevilles au cou et jusqu'aux poignets de collants en résilles mais chacun porte sa marque, sa personnalité, son expression : un collant déchiré, une genouillère de hockeyeur, une ballerine… car il s'agit ici d'assemblement humain hétéroclite, chacun avec son expression propre, mais porté par un même désir : s'envoler, ou faire s'envoler l'imaginaire.

Trapèze, contorsion, mât chinois, hula hoops, jonglage et équilibre, chaque membre du Cirque Électrique va jouer de sa discipline sur les accords ébouriffants de la musique. De très belles inventions ponctuent leurs évolutions. Entre autre et principalement, un gigantesque cube fait de tubes en fer qu'ils font tourner, virevolter, s'envoler comme un dé surdimensionné dans les trois dimensions de la scène. Objet à la fois dangereux et magique dans lequel, sur lequel et avec lequel jouent tous ces acrobates. Il est comme l'incarnation des produits de notre civilisation, il est aussi comme une construction un peu magique, mystique, un objet détourné.

De très beaux tableaux, de très belles performances, et aussi un bel esprit de provocation. À noter la magnifique sensualité des deux numéros au trapèze (l'un fixe, l'autre qui voltige à plus de 5 mètres du sol au dessus du public) de Tarzana Fourès, et l'espièglerie décalée de l'effeuillage, avec plumes, pointes et gros bandage au genou de Lalla Morte. Mais aussi Nelson Caillard en acrobatie, Robin Auneau dans son numéro de hula hoop, Hervé De Keulenner au mât chinois, Séverinne Bellini dans la contorsion avec une très belle image de la chair soulevant la matière, le cosmos…

La révolte, une envie de révolte, de bouger les convenances, les préjugés, les normes, éclate dans ce spectacle. Et aussi une immense nostalgie pour ces années de la fin du siècle dernier où la révolte était individuelle et l'esprit de révolte collective était encore possible. Aujourd'hui, a-t-elle encore un écho ?

Bruno Fougniès

 

Effeuillage et scie musicale : Lalla Morte

 

Steam

Direction artistique et création musicale : Hervé Vallée
Co - direction artistique et scénographie : Cécile Mulot
Création lumière : Frédéric Perennec dit Fred L'indien
Création sonore et vidéo: Johan Sautereau dit Tetaar
Création du Cube : Hervé De Keulenner
Régie lumière et plateau : Jérome Chalex
Costumes : Alice la rousse


Trapèze et corde : Tarzana Fourès

 

Avec :
Trapèze et corde : Tarzana Fourès
Effeuillage et scie musicale : Lalla Morte
Contorsion et mât chinois : Séverinne Bellini
Mät chinois et Cube : Hervé De Keulenner
Acrobate Equilibriste : Nelson Caillard
Hula hoops et Portée acrobatique : Robin Auneau
Musique, jonglage et Tapmam : Hervé Vallée
Musique et garçon de piste : Johan Sautereau

 

 

Mis en ligne le 7 novembre 2014
Actualisé le 2 novembre 2016