Nicole CROISILLE

 

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Nicole Croisille c'est, comme on ne s'y attend pas forcément, l'humour, l'autodérision, la bonne humeur incarnés.

On s'en rend vite compte tout au long d'un entretien entrecoupé de rires.

Et qu'elle nous parle de sa carrière, de sa vie, de ce qu'elle a vécu, elle trouve toujours une anecdote ou un commentaire amusants à partager.

« J'adore faire le gugusse, une carrière comme celle de mon amie Annie Cordy m'aurait plu, mais très vite le public m'a aimé dans des chansons sentimentales, ce qui est aussi d'ailleurs une facette de ma personnalité. »

Elle, issue d'une formation de danseuse est heureuse de retrouver l'esprit de troupe dans Cabaret où elle interprète le personnage de Frau Schneider.

Occasion de se moquer alors du parisianisme :

« À Paris n'est-ce pas on n'imagine même pas qu'il se passe des choses intéressantes en Province! Et là je découvre une troupe très structurée, avec des gens de talent et d'une grande exigence à l'image du metteur en scène Olivier Desbordes, qui porte ce festival à bout de bras depuis tant d'années. »

Cabaret, elle le vit comme une récréation magnifique, à un moment où « mon corps me fait comprendre qu'il faut renoncer aux tournées d'été trop fatigantes. »

Car elle ne fait pas mystère de son âge, 78 ans, qu'elle arbore fièrement ravie qu'on lui dise qu'elle ne les paraît absolument pas. « Ça donne de l'espoir aux gens et ça c'est formidable car on n'imagine pas l'impact qu'on a sur eux, ils me disent votre énergie nous donne la pêche.»

On parle bien entendu de Cabaret.

« C'est une version très européenne, loin des Américains pour qui n'est-ce pas le Berlin des années 30 n'est pas très parlant. Du coup ils ont axé le propos davantage sur l'histoire d'amour alors qu'ici c'est une page d'Histoire, avec la montée du nazisme. Les personnages de Frau Schneider et de Herr Schultz sont beaucoup plus développés. »

Occasion de parler de l'Amérique avec une anecdote :

« En Amérique il faut avoir comme ils disent des « special habilities » sinon on est accusé de leur prendre leur travail. Or moi ma spécialité c'est d'être Française mais il se trouve que je parle anglais sans accent français, ayant fait de nombreux séjours en Angleterre car j'y ai de la famille et possédant de plus le don d'imitation. Alors on me disait que je n'étais pas crédible en Française ! »

Elle s'est beaucoup investie dans son personnage de Frau Schneider à qui elle donne un incroyable relief, drôle au début « C'est moi qui ai eu l'idée de l'accent allemand, Olivier était dubitatif, on a essayé, je l'ai un peu gommé, juste une couleur. Par contre c'est lui qui a eu l'idée de me mettre un tutu, au début je ne voulais pas, mais c'était cohérent avec Herr Schultz en clown, alors je me suis dit, allez, je m'oublie, on y va à fond, et en avant pour l'accent, la perruque rousse et le tutu ! » Un personnage qu'elle rend infiniment émouvant au moment où l'action bascule suivant la vision de la progression de l'histoire qu'avait Olivier Desbordes, ce coup qu'il voulait asséner aux spectateurs. « Frau Scneider est la seule à comprendre ce qui se passe, sans doute parce qu'elle est n'a jamais eu personne pour la défendre, alors elle est sans cesse à l'affût de ce qui pourrait lui tomber dessus. »

Et la conversation continue, sur un ton toujours sympathique et convivial, et elle raconte sa carrière « Si j'ai une qualité c'est de savoir saisir les occasions qui se présentent », une carrière de danseuse, comédienne, chanteuse « Touche à tout ne fait rien de bon ! me disait-on mais quand on est artiste on a envie d'essayer plusieurs disciplines. »

Et elle parle du métier, de son évolution elle qui en est à la troisième génération

« Maintenant tout passe par Internet, qui met tout le monde au même niveau, les très doués et ceux qui bricolent un petit quelque chose. On ne voit plus la différence. Le seul conseil que je pourrais donner aux jeunes c'est d'avoir envie et de travailler. »

Et elle égratigne au passage mine de rien l'économie : « Dans ces grandes surfaces ils savent faire, ils changent le nom de l'enseigne et hop ça repart mais ce sont les mêmes », les syndicats « À Montpellier on ne savait pas si on allait jouer, les techniciens menés en grande partie par les syndicats voulaient faire grève, nous pas question, les artistes ne fonctionnent pas comme ça, on a le respect du public qui a payé sa place souvent depuis des mois et qui attend de passer un bon moment, on ne peut pas lui dire on ne joue pas car on a des problèmes de corporation. »

Et elle n'hésite pas à se moquer d'elle-même, que ce soit à l'aube de ses 20 ans lorsqu'en tournée avec le mime Marceau elle était selon elle tout à fait insupportable, embêtant tout le monde, ou maintenant où elle décrit avec humour et une certaine lucidité ses rapports avec les producteurs

« Ils savent que ce n'est pas l'argent qui m'intéresse alors ils me regardent de loin ou alors il y a ceux ceux qui me prennent parce que ça fait chic d'avoir Croisille dans son catalogue et enfin heureusement ceux qui aiment ce que je fais ».

Mais ce qui compte pour elle c'est de garder l'enthousiasme et le plaisir et d'être encore capable de se surprendre et de surprendre.

« Je prépare un concert, un seul, le 13 octobre au Casino de Paris, Je sais que les spectateurs attendent les chansons qu'ils connaissent, qui leur rappellent des souvenirs, je suis une sorte de thérapeute musical. Mais je cherche comment arriver à y insérer des surprises sans décevoir leur attente. »

Réponse le 13 octobre.

 

Nicole Bourbon