ANDRÉ PIGNAT

Au Festival International du Balcon du Ciel

à Nax ( Suisse)

 

 

 

André Pignat loupe

 

 

André Pignat... une machine à projets culturels

Nous avons rencontré André Pignat, le cofondateur d'Interface cette compagnie de danse impliquée dans le monde culturel valaisan et créateur du Festival international du Balcon du Ciel.

 

Q : Quel est l'axe sur lequel est construit le festival ??

AP : C'est en fait comment permettre à la culture de s'exprimer dans la nature. j'ai pris contact avec des compagnies dont  le projet  s’intègre dans la terre. Les spectacles appellent à l'esprit mais aussi au corps.  Le choix est aussi de présenter nos rencontres, Nous voyageons au travers du monde et rencontrons beaucoup de compagnies et voulons les partager avec le public .
Je ne me considère pas comme un programmateur, je n'ai pas une démarche administrative, mais artistique. Dans le monde il y a ce qui est sur scène et ce qui est autour. Il faut que tout cela soit en phase pour être intéressant. Le spectateur va vivre cette interaction, c'est plus important que de voir simplement un spectacle.
Comme dans notre société le luxe suprême c'est le lien. Donc il faut amener les gens à la rencontre, après il y a celle avec les acteurs et ce qu'ils apportent. Ça c'est important. Pour que l'expérience soit unique il faut être ouvert, accepter. Il faut reconnaitre que l'autre apporte, il faut être souple .
Il y a un lien, c'est le travail que l'on veut amener.Il y a une telle richesse dans ce que l'autre peut amener. Une fois qu'on est venu il y a ce lien que s'est créé et ce lien est indestructible.
Chaque fois qu'on dit oui on nourrit. Le festival c'est le festival du oui.

 

Q : Parallèlement à tes activités théâtrales et musicales tu est dans un projet de « Green Vallée », où en est ce projet. ?

AP : Green vallée avance plus vite qu'on ne le veut. Recréer une dynamique.
Entre le lancement du projet et aujourd'hui il y a eu trois bachelor et un master.Un chercheur a même dit que ce projet et le plus important de ces cinq dernières années dans la région. Ca c'est le contexte scientifique. Pour le contexte pratique il y a des coïncidences qui se mettent an place. Par exemple à côté du Balcon du Ciel il y a un espace pour la valorisation des produits du terroir. En 4 ans il y eu six gérants. Le dernier vient de partir et j'en ai eu marre de collaborer avec des gens qui changent sans arrêt. On a donc pris en charge le lieu dont le restaurant...C'est pas notre truc mais on a foncé. Dans notre environnement une personne était à même de prendre le projet en main. Mais il y quelques jours elle a eu un accident et ne peut pas travailler. Donc on s'est retrouvé sans  personne pour gérer le lieu. On a des cuisiniers autour de nous. Et on a pensé au passé, les gens ne mangeaient pas comme nous, on a donc cherché le patrimoine, cherché ce que les gens mangeaient avant. En montagne on ne mourrait pas jeune, c'était dans le mines de Germinal que cela se passait ; on a réuni ces gens avec une base : on ne veut pas s'empoisonner avec la nourriture. Rabbi dit « quand je vois les gens manger, je ne leur souhaite pas bon appétit mais bonne chance »

On n'a pas un discours végétarien, on est simplement dans le respect de l'animal. Près de nous il y a la société Ceres fait de teintures mères, son créateur nous a dit que tout est dans la façon dont on coupe le végétal et dans quelle intention on est pour que le végétal donne des résultats.

J'ai vu le boucher , il  dit : nous c'est la même chose. Tuer c'est un meurtre si tu ne n'as pas le respect.

C’est une valeur fondamentale. Il ne faut pas oublier que le passé c'est le tremplin vers l'avenir.

Le présent c'est le moment de vie et le bonheur
Le Balcon du Ciel c'est ça c'est ce moment présent , intersection entre présent et avenir ; c'est ce que je cherche.
Le paradoxe c'est le mot interface, c' est qui est entre les choses.
Ce qui nous lie c’est cette dynamique.
Très vite le fait d'avoir pris ce nom a fait bouger les choses.
On est devenus une interface entre les pays. On reste des  gens qui font musique et danse et on fait l’interface.

Q: Vous êtes à la jonction des choses.

AP : Effectivement croire que l'on peut isoler les choses c'est un leurre, au lieu de se protéger il faut s'ouvrir ne pas être les jouet des autres mais être le point central.
j'ai beaucoup d’admiration pour Francis Lalane car il se met au centre  et dit ce qu'il pense. Un politicien ne fait pas cela, même si cela paraît absurde, en fait il marque davantage l'esprit.
C'est ce qui s'est passé avec Coluche, maintenant qu'il est mort on ne regarde que ce qu'il a dit et on voit comme c'est pertinent, tout comme Balavoine l'était aussi d'ailleurs.

La démocratie c'est être capable de travailler avec des gens qui pensent différemment.
On est dans une société dictatoriale car on cherche à travailler avec des gens identiques.
Tous les pays qui ont  une monophasé de pensée ont été détruits.
Je me bats pour travailler avec les idées des autres,
On me tape dessus car on ne peut pas me canaliser, je ne veux pas  qu'on me mette une étiquette.
Plus la société est bien pensante plus elle est sale il n'y a qu'à voir les nazis.
Cette vison nettoyée a couvert les pures saloperies.
Une pensée pure cache l'autre partie de l'être humain qui elle est sale. On est noir et blanc, ne l'oublions pas.

Le suisse a perduré car ce n'est pas une société monolithique
Je me bats pour les idées des autres et je ne veux pas qu'on me canalise.

 

Q: je pense que nous allons avoir un magnifique festival...

 

Propos recueillis par jean Michel Gautier