PIXEL

Maison des Arts de Créteil (MAC)
Place Salvador Allende
94000 Créteil
01 45 13 19 19

Escale à Créteil / Maison des Arts - Grande salle

Vu jeudi 20 novembre

 

Pixel

 

La MAC (Maison des Arts et de la Culture de Créteil) contribue, depuis sa création à la fin des années 1970, à la diffusion de spectacles originaux et innovants et s’impose comme un lieu de production tourné vers l’utilisation des technologies dans le spectacle vivant.

Il était donc logique qu’elle accueille – ainsi que huit autres lieux dans quatre départements d’Île-de-France – la deuxième édition du Festival Kalypso, conçu par Mourad Merzouki, à la tête du CCN depuis 2009.

Ce chorégraphe éclectique, qui créa en 1996 sa propre compagnie, Käfig, y présente en première mondiale Pixel, un spectacle étonnant mêlant danse hip-hop et arts numériques.

Pixel comme… « pixel » (« picture element »), le point élémentaire d’une image numérisée qui, assemblé à beaucoup d’autres, forme cette image.

Ce projet est en effet né de la rencontre d’Adrien Mondot et Claire Bardainne, créateurs d’univers graphiques abstraits, avec Mourad Merzouki, et de la fascination de ce dernier pour le monde de synthèse de la projection numérique.

Le soir du 20 novembre, bien avant le début de la représentation, le hall de la MAC ressemble à une ruche bourdonnante et, à peine entrés dans la salle, des groupes de jeunes manifestent bruyamment leur enthousiasme à la perspective d’un spectacle qu’ils attendent visiblement avec une grande impatience.

La scène, plongée dans le noir, est seulement éclairée par plusieurs bougies électriques.

Sur une petite musique égrenant quelques notes de piano accompagnées de la voix nostalgique d’un violon, les danseurs – neuf hommes et deux femmes vêtus de pantalons et de T-shirts prêts du corps – traversent très lentement le plateau, comme au ralenti.

Un, puis deux, puis trois danseurs commencent à se détacher du groupe compact et à exécuter des mouvements, toujours au ralenti, tandis que les bougies se mettent à dégager des volutes de fumée… numérique, et voici le spectateur aussitôt plongé dans un monde virtuel qui devient de plus en plus sophistiqué au point qu’il s’avère difficile de distinguer le faux du vrai.

Puis les pixels se multiplient et se font constellations, fontaines, pluie, flocons de neige que les danseurs repoussent, écartent, transforment en arabesques et en cercles par la magie de leurs gestes. Lorsqu’un danseur chaussé de rollers évolue au milieu d’un cercle lumineux, il glisse d’une telle façon qu’on croit voir un patineur artistique sur une patinoire et quand les lames de ses patins – oui, les lames de ses patins – font jaillir des étincelles de glace, le spectateur perd totalement ses repères.

Émerveillé par ce spectacle féérique, il est comme un enfant ébloui par les tours d’un magicien.

Véritable prouesse technique d’Adrien et Claire Bardainne qui, tels des illusionnistes, arrivent à suggérer, que dis-je, à créer un décor par le seul biais de projections lumineuses.

Prouesse artistique des huit hip-hoppers et des trois circassiens qui transcendent la virtuosité qu’exigent leurs disciplines.

Comment font-ils donc pour se retrouver dans cet univers en trompe l’œil et évoluer dans un espace fait d’illusion, sur un plateau en trois dimensions, nous offrant ainsi une prestation bien au-delà du spectaculaire et de la performance pour la performance auxquels ont pu nous habituer certains spectacles de rue ?

Prouesse, bien sûr, du chorégraphe, dont la virtuosité et la créativité sans cesse renouvelée ont pu concevoir, coordonner et diriger une chorégraphie à la croisée des arts en y incorporant la musique envoûtante d’Armand Amar qui en intensifie le caractère poétique, onirique et fantasmagorique.

Une heure dix, c’était de toute évidence trop court pour un spectacle aussi prodigieux, et les clameurs enthousiastes d’un public déchaîné qui en redemande sont récompensées par quelques numéros en solo exécutés de bonne grâce par les danseurs.

Heureusement, l’aventure continue et, après Créteil où Pixel fut à l’affiche de la MAC du 15 au 22 novembre, les Franciliens pourront découvrir, jusqu’au 3 avril, ce spectacle dans plusieurs villes d’Île-de-France.

Élishéva Zonabend

 

PIXEL

De Mourad Merzouki & la compagnie Käfig
Direction artistique : Mourad Merzouki
Mise en scène : Mourad Merzouki, Adrien Mondot, Claire Bardainne
Chorégraphie : Mourad Merzouki
Assistante du chorégraphe : Marjorie Hannoteaux
Création numérique : Adrien Mondot, Claire Bardainne
Création musicale : Armand Amar

Violon : Sarah Nemtanu
Piano : Julien Carton
Musique additionnelle, alto : Anne-Sophie Versnaeyen

Enregistrement, mixage, création sonore : Vincent Joinville
Recherche sons : Martin Fouilleuil

Danseurs : Rémi Autechaud dit RMS, Kader Belmoktar, Marc Brillant, Elodie Chan, Aurélien Chareyron, Yvener Guillaume, Amélie Jousseaume, Ludovic Lacroix, Xuan Le, Steven Valade, Médésséganvi Yetongnon dit Swing

Lumières : Yoann Tivoli assiste de Nicolas Faucheux
Scénographie : Benjamin Lebreton
Costumes : Pascale Robin, assistée de Marie Grammatico
Peintures : Camille Courier de Mèré et Benjamin Lebreton

 

Production : Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig
Coproductions : Maison des Arts et de la Culture de Créteil, Espace Albert Camus - Bron

Avec le soutien : de la Compagnie Adrien M / Claire B

Le Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig est subventionné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France
Ministère de la Culture et de la Communication, le Conseil Général du Val-de-Marne et la Ville de Créteil.

 

Mis en ligne le 19 novembre 2014

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