PEPLUM

 

©Agathe Poupeney

"Vous avez dit « Chef d'œuvre ? »

« Peplum » de Nasser Martin-Gousset avait fait les beaux jours de la Biennale 2006, laissant une presse dithyrambique : « Suspense, rebondissements visuels, dopage musical pop rock, la formule est magique. (Le Monde) Ce Péplum emporte l'adhésion, cinglant et drôle, déjanté et surtout fort bien réglé, hommage vibrant au cinéma et à ses figures mythiques. (Libération) On adore. Que disait-on du film de Mankiewicz déjà ? Ah oui : un chef-d'œuvre. » (Le Progrès) Déception.

Il faut dire que la barre était haute : décrypter en 1h30 ce que fut la Rome antique, en faisant revivre deux couples de légende, Antoine et Cléopâtre, Taylor et Burton, tout en espérant écrire une fable sur le pouvoir, le projet était ambitieux et prometteur. Or, à quoi assiste-t-on ? Un spectacle inutilement provocateur (qu'apporte la nudité de deux personnages ?), confus dans sa narration, (des saynètes elliptiques empêchent de saisir la cohérence du propos,) parfois vulgaire, souvent ennuyeux, sans émotion pas même lors de la mort de Cléopâtre.

Le spectateur qui n'a jamais vu le film ou qui l'a oublié, doit avoir beaucoup de mal à suivre le déroulement de l'histoire, c'est déjà loin d'être évident lorsqu'on le connaît. Déjanté disaient les critiques ? On ne doit pas avoir la même notion du déjanté. La plupart du temps, des projections censées être le fil conducteur nous rappellent le Cléopâtre de Mankiewicz : extraits (rares) du film ou du tournage, traductions de la bande-son plein écran, sorte de version sous-titrée sans l'image.

Pendant ce temps, rien (ou si peu) sur la scène. On regarde plus un écran qu'on n'assiste à du spectacle vivant !

Dommage, car il y avait d'excellentes idées. Le décor, déjà : un haut mur inébranlable qui servira d'écran et un centurion impassible symbolisant la puissance de Rome, des marches ramenant à l'assassinat de César. L'ouverture avec ses colleurs d'affiches électorales et l'Empereur, rappel de Peter Ustinov dans Quo Vadis, vacillant devant elles et les arrachant. Des ballets au cordeau, notamment le déplacement cadencé d'une légion peu à peu décimée, démultipliée sur l'écran. L'utilisation de la caméra et de ses effets en direct, particulièrement la séquence de la bataille d'Actium où un légionnaire en gros plan rampe sur le sable ou dans une mare de sang.

Dommage, car on se dit qu'il s'en fallait de peu pour que ce soit effectivement un chef d'œuvre.

 

En savoir plus

www.dailymotion.com/video/x6ytjq_nasser-martingousset_creation