JÉRÔME BOSCH : LE JARDIN DES DÉLICES

Théâtre Jean Vilar
1, place Jean-Vilar
94400 Vitry-sur-Seine
01 55 53 10 60

Mercredi 1er mars et Jeudi 2 mars à 20h00

 

Jérôme Bosch : le Jardin des délices loupe DR

Que ce soit ce spectacle qui ait été choisi pour inaugurer la biennale de danse du Val de Marne n’est pas un hasard. La chorégraphe Marie Chouinard nous fait le cadeau de cette création magistrale en ouverture de ce festival important, en mettant sa danse à la charge sauvage et lascive au service d’une grand œuvre qui ne l’est pas moins, le captivant Jardin des délices de Jérôme – que d’autres préfèrent appeler Hieronymus… – Bosch.

Tout commence par l’ouverture du triptyque projeté en fond de scène, puis comme une illustration du panneau central, celui consacré aux délices de la vie terrestre. Pendant que deux médaillons de chaque côté de la scène zooment sur des personnages du tableau, les dix danseurs prennent successivement les postures ainsi détaillées et les mettent en mouvement, comme s’ils leur insufflaient la vie. Ensemble, ils investissent aussi une grande bulle transparente qui est un motif récurrent sur le tableau du musée du Prado : la bulle, ou sa variante l’œuf, comme figure de l’état d’extase, de repli sur soi mais aussi de vulnérabilité.

Petit à petit, l’interprétation prend le pas sur l’illustration en s’affranchissant de la fidélité littérale aux indications picturales pour en saisir l’essence même : dans le second acte qui rejoue l’Enfer, les mouvements des danseurs brisent la cohésion de groupe dans un chaos grouillant, bouillonnant, terrible. Quel plaisir prend-on au moins à les voir exploser de la sorte ! C’est là où le grotesque et le fantastique des personnages de Bosch ressort le mieux. Le panneau de gauche auquel on prête d’ordinaire moins d’attention, celui de la présentation d’Ève, arrive ici comme un couronnement au troisième et dernier acte : s’agit-il d’un retour en arrière vers ce qui a été perdu ou d’une rédemption ? L’harmonie est retrouvée, la communication entre les êtres rétablie, la paix revenue, alors qu’elle semblait si lointaine. Cette sérénité permet aux danseurs de se fondre dans l’image projetée sous le regard redevenu pur d’un double œil dont on se demande s’il figure celui de Dieu ou celui du spectateur.

C’est ainsi une œuvre qui marquera profondément ceux qui l’auront vue car la  danse expressive de Marie Chouinard  rend honneur au Jardin des délices de Bosch et s'en empare pour lui rendre toute sa puissance, créant un univers fascinant, étrange et beau.

Frédéric Manzini

 

Jérôme Bosch : le Jardin des délices

Chorégraphie, scénographie, vidéo, lumières, costumes et accessoires : Marie Chouinard
Consultant maquillages : Jacques-Lee Pelletier
Consultant vidéo : Jimmy Lakatos
Musique originale : Louis Dufort

Avec : Sébastien Cossette-Masse, Paige Culley, Valeria Galluccio, Leon Kupferschmid, Morgane Le Tiec, Lucy M. May, Scott McCabe, Sacha Ouellette-Deguire, Carol Prieur, Megan Walbaum.

 

Mis en ligne le 2 mars 2017